Dès l’aube du Moyen Age, une forteresse et la terre qui l’entourait constituaient la rémunération du « châtelain de Mons », compagnon d’armes des comtes du Hainaut.
Le château actuel remonte aux XIVème et XVème siècles.
Plusieurs fois attaqué et incendié, il fut en grande partie reconstruit et adapté au goût du jour.
Château gothique tel qu’il apparaît aujourd’hui, il fut plus précisément reconstruit en 1603 sur les ruines de celui que le duc d’Anjou avait pris et dévasté en 1578.
Il est situé dans un parc agréable à quelques encablures d’une splendide roseraie, initiative du service des plantations de la ville de Mons.
Eléments remarquables : la grande salle d’armes, la chapelle polygonale et le donjon, dit « la tour d’Enghien »
La tour d'Enghien en cours de restauration
L'ancienne salle d'armes du château d'Havré fut aménagée par Charles-Alexandre de Croy (voyez le chapitre Histoire) à l'emplacement de la salle seigneurial primitive dont il fit conserver le mur extérieur sur les douves .
Des armoiries placées dans le plafond (plus exactement dans des pièces de soutien ou « contrefiches ») ornaient la grande salle d'armes du château d'Havré.
Ces contrefiches seraient au nombre de seize (seize emplacements visibles sous le plafond) et dateraient du début du XVIIe siècle (après l'incendie de la fin du XVIe siècle)
Le cercle Heraldus de Mons a procédé à une remarquable étude de ces contrefiches qui rappellent les alliances des grandes familles d’Europe avec la maison de Croy.
A consulter ici.
Armoiries de la famille Bourbon alliée à la maison de Croy
(Cercle Heraldus)
En ce qui concerne l'historique et la chronologie des évènements liés au château au cours des siècles, voyez "Les amis du château d'Havré"
L’archéologue E. J. Soil de Moriamé écrivit en 1929 dans son « Inventaire des Objets d’art et d’Antiquité de la Province de Hainaut », ce qui suit :
« De très grande allure, c’est encore le château féodal, avec ses tours et ses défenses, et c’est déjà le château moderne par son architecture civile.
Assez bien conservé au point de vue de sa construction, il a gardé sa silhouette extérieure et, en bonne partie, sa distribution intérieure, intactes, avec beaucoup d’éléments mobiliers.
Mais le terrain sur lequel il repose est miné par les travaux des charbonnages.
Le vénérable castel s’enfonce tous les jours un peu plus dans les marais qui l’entourent, et l’on peut s’attendre à le voir s’engloutir dans le sol »
Tant les pouvoirs publics que l'ASBL "Les Amis du Château d'Havré" ont entendu cette mise en garde.
A l'aube du XXIème siècle, le château paraît définitivement sauvé.
Poste de guet sur la Haine en amont de la ville de Mons, le domaine d'Havré est connu dans l'histoire depuis le XIIe siècle.
Ce poste deviendra une forteresse dont aucun document connu ne permet de représenter l'aspect. Les Enghien, propriétaires, reconstruisent la forteresse dans la disposition en quadrilatère que nous lui connaissons encore aujourd'hui. Après avoir subi les assauts des bandes liégeoises et brabançonnes, la place forte est détruite, en 1365, par les Flamands venus dévaster la région de Mons.
28 avril 1423. Gérard d'Enghien cède à son neveu, Christophe de Harcourt, le domaine d'Havré.
Mars 1439. Marie de Harcourt épouse Jean d'Orléans.
Avril à juillet 1518. Le château passe, par échange, à Philippe de Croy. Chirurgien du roi de France Charles IX, Ambroise Paré décide, contre l'usage courant, d'appliquer la ligature des artères. Charles Philippe de Croy ayant été blessé d'un coup d'arquebuse à la bataille de Montcontour, Paré est envoyé par le roi à Havré. Il soigne et guérit le prince (1569).
Mars 1578. Don Juan, à la tête de 6000 hommes, assiège la forteresse; les soldats se rendent, le château est intact.
23 juillet 1578. Le duc d'Anjou attaque et enlève la place. Des pièces d'artillerie, appelées à la rescousse, ont infligé de lourds dégâts.
Eté 1578. Un violent incendie achève le désastre.
Pierre Lepoivre, architecte montois, a dessiné, de mémoire, l'aspect du château avant ces événements tragiques. Grâce à cette esquisse et aux vestiges encore existants, nous pouvons nous représenter le château tel qu'il était alors : quatre tours d'angle reliées par une haute courtine et un corps de logis avec chapelle en éperon.
Charles Alexandre de Croy, marquis d'Havré, commence la restauration du château vers 1600. Il crée un ensemble majestueux où jouent briques rouges et pierres. Le donjon est coiffé d'un beau bulbe ardoisé. Une girouette, supportant la couronne du Saint-Empire germanique, le surmonte. Le bulbe inspirera, entre autres, les architectes du château de Chimay et de la collégiale de Dinant.
Superintendant du roi d'Espagne aux PaysBas, chevalier de la Toison d'Or, prince du Saint-Empire germanique, chevalier héréditaire de la ville de Mons, Charles Alexandre de Croy est un personnage considérable. Homme de guerre et de gouvernement, il est aussi particulièrement sensible aux choses de l'art. Il impose une magnificence dont bénéficie la vie au château. Transformé en une opulente demeure avec sa tour des hôtes et ses grandes salles d'apparat, le château voit passer des visiteurs de marque.
Van Dyck, collaborateur de Rubens et familier des Croy, Rubens lui-même, Marie de Médicis, l'Infante Isabelle, Marie de Hongrie, le duc de Malborough, le prince Eugène de Savoie notamment séjournent au château d'Havré.
1839. Abandonné par les Croy, le château passe finalement aux mains du chanoine Puissant (1919) qui tente de le sauver. La tâche est insurmontable. Après avoir failli être emportée pierre à pierre par un américain, la propriété échoit finalement à la Province de Hainaut. Dans une indifférence regrettable, pillage, vandalisme et végétation envahissante conduisent à l'inévitable.
Dès 1930, des éboulements successifs, parfois très importants, menacent la vie d'un patrimoine qui sera pourtant classé en 1936.
1947. Emile Poumon, Havrésien féru d'histoire, publie " Havré, le duché, le village, le prieuré de Saint-Antoine en Barbefosse ". Le château est abondamment évoqué et décrit. Le présent livret se réfère souvent à l'ouvrage.
1950. Emile Poumon a obtenu, des pouvoirs publics, un subside pour la restauration du bulbe. Les travaux devront être interrompus prématurément, en raison de l'épuisement du budget accordé.
1978. Quelques habitants d'Havré se groupent et fondent une A.S.B.L. : " Les Amis du Château des Ducs d'Havré ". Objectif : la sauvegarde du site. Armés de leur enthousiasme, de leur courage et de modestes moyens techniques, les pionniers déblaient, dégagent. Des collaborateurs bénévoles se joignent à eux. Des camps de vacances sont organisés auxquels participent notamment des étudiants américains logés chez l'habitant. Les différents régimes de mise au travail de demandeurs d'emploi permettent l'engagement d'un personnel permanent, tant pour le chantier que pour le secrétariat. Grâce à des aides publiques et privées relayées par les efforts de tous les acteurs de l'entreprise, les efforts de consolidation et de rénovation se poursuivent.